Thursday, April 08, 2010

...and downs...

Je le savais.
Je le sais. Pertinemment.
On me l'a dit. Tellement de fois.
Avant que je ne prenne ma direction professionnelle.
Au cours de ma formation de comédien au Conservatoire.
On me le répétait et me le répétait encore.
Et malgré cela, le retour au rien est la chose la plus difficile à vivre dans mon métier.
L'obligatoire non-passionné. Les projets que l'on accepte parce qu'ils noircissent quelques cases sur les cartes de chômage et couvrent une période d'inactivité non souhaitée dans notre saison, plutôt que parce qu'ils nous passionnent...
Ces projets sur lesquels on redevient le stagiaire, le gars assis dans le noir derrière un pendrillon, devant lequel on passe sans le saluer parce qu'on oublie qu'il s'y trouve. Dans son espace un peu inconfortable et pas tout à fait défini. Entre une chaise sur laquelle il ne peut pas vraiment s'asseoir parce qu'elle est accessoire de scène et un plateau tournant dont il actionne le moteur électrique.
Le garçon de 30 ans qui attend.
Que le service de travail de 14h commence, parce qu'il est toujours l'un des seuls à être là 25 minutes à l'avance. Seulement, dans le meilleur des cas ce n'est pas avant 15h30, tant il y a toujours d'autres choses prioritaires à terminer, qu'on avait oubliées la veille.
Que les comédiens se préparent, finissent leurs conversations de loges et descendent sur le plateau.
Que le spectacle avance, pour pouvoir marquer ses repères de façon efficace.
Mais le temps est long et le reste.
Et de son petit poste, qui est-il pour penser cela ?
La lumière froide des néons de service lui donne l'impression de devenir gris à l'intérieur. Il travaille dans un environnement qui ne lui est pas familier avec des gens qui ne le connaissent pas vraiment et ne savent donc pas bien que lorsqu'il est sur une scène, d'habitude, ce n'est pas "ça" qu'il fait.

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