Sunday, June 25, 2006

Gay Pride ? Non ! Gay Priiiiiiiiide !!!

Je ne sais pas vraiment si c’est le fait d’avoir porté mon pantalon de cuir en plein soleil durant quatre heures, d’avoir marché tout aussi longtemps chaussé de mes bottes de motard, harnaché à un collier de chien et une laisse, ou le fait que les regards et les photos se soient davantage focalisés sur Cédric que sur moi qui m’a le plus énervé… ( Cédric s’étant habillé en libertin très glam du 18ème, avec chemise bouffante et éventail de plumes noires, c’était limite normal me direz-vous, à côté de moi en hardeuse de mauvais film porno des années 80 ! ) Toujours est-il que cette gay pride parisienne 2006, écourtée par le message de ma patronne me demandant de venir au boulot une heure plus tôt que d’habitude, a eu un petit goût bizarre. Sans pour autant être complètement gâchée, rassurons-nous.
Il faut dire qu’on a eu très peur en début de journée, lorsque juste après avoir entendu qu’il n’allait pas faire moins de 28 degrés, il s’est soudain mis à pleuvoir. L’horreur. Mais finalement, pas une goutte au cours de la parade !
Au rendez-vous de Montparnasse, après trois minutes de défilé, j’aperçois Nicolas, un ami de Bruxelles, en train de danser en slip sur le toit d’une cabine téléphonique au son des basses du char qui se trouve juste en face de lui. Je crie pour l’interpeller, il me salue brièvement, mais conscient du manque d’intérêt qu’il me porte, je ne lui dis pas au revoir et nous passons notre chemin. Il faut dire qu’il a d’autres choses à regarder, d’autres plans à élaborer pour la suite de sa journée… Trémousse-toi donc, Nicolas !
Nous marchons en remontant le boulevard Montparnasse depuis un petit moment, quand après avoir croisé François Hollande, rouge comme un steak, entouré de cinq gardes du corps, un autre bruxellois passe à nos côtés. Décidément ! C’est Pierre. Un garçon que j’ai connu il y a 7 ans. Un liégeois qui m’a planté comme un con alors que je pensais pouvoir commencer une histoire… Je le salue. Il s’arrête. Et en moins de cinq minutes, il m’adresse un condensé de méchancetés en enfilade, sur le ton soi-disant de la rigolade. « - T’as les bras tous blancs, hein… », « - C’est quoi cette tenue ? », « - C’est normal que les photographes ne s’intéressent pas à toi ! », « - Ça va pas être évident de te trouver un mec… » etc… Cédric est décontenancé par sa virulence, et me lance des regards inquiets et rassurants. C’est fou comme certaines personnes n’arrivent à se donner une contenance qu’en démolissant les autres. Encore une fois, nous passons notre route. Ce connard m’a complexé pour le reste de ma journée, et Cédric tente, tant bien que mal, de me rassurer sur la blancheur de ma peau.

Il fait chaud, et je n’ai toujours pas de nouvelle du Cédric belge qui venait pour l’occasion sur Paris, qui voulait me rencontrer et peut être pioncer chez moi. Je lui envoie un texto auquel il répond directement par un appel. « - On est aux Halles… C’est pas là le défilé ? ». Je suis sidéré. Si je ne lui avais pas envoyé de sms, il ne m’aurait pas contacté, alors qu’il m’avait dit qu’il m’appellerait dès son arrivée sur la capitale française. On le retrouve en face du 69 du boulevard Saint Michel, et son comportement est étrange. Il est avec des amis, ne sait pas trop quoi me dire, et encense le défilé et les beaux parisiens. Et quand je vois l’un des garçons qui est avec lui, lui mettre la main dans la poche du jeans, tout s’éclaire.
Les mecs sont vraiment trop nuls. Quel idiot je suis de croire que ce petit bout de 20 ans allait être autrement… Il m’a vu, je l’ai intéressé sur le moment et puis finalement, il n’a pas eu les couilles au cul de me dire qu’il s’était trouvé un mec…
Un petit sms envoyé vite fait ( « Visiblement, tu ne dormiras pas chez moi ce soir » ) et le voilà qui revient vers moi. « - Ben, en fait… Je ne sais pas ce qu’on fera ce soir. On va là où il y a un concert. Donc… ». Arrête ton baratin stupide ! Pourquoi ne pas me dire simplement « Ecoute, j’ai un mec, je suis désolé. C’est pas chic de ma part, mais je passerai la soirée avec lui. » ? Ras le bol du manque de respect. Je ne suis pas une merde. On se lève et on continue notre journée ensoleillée.

Un peu avant la Sorbonne, je vois Cyril, mon amant de Dijon, qui marche à côté du petit train de l’association des parents gays. Il me fait signe, je le rejoins. J’ai envie de l’embrasser, mais il tourne sa tête pour que mon baiser se pose sur sa joue. « - Ça me fait plaisir de te voir ! Je te présente mon fils… » Son gamin est superbe. Il est tout souriant, et lance un « C’est qui, lui ? » à son père, en me voyant. Moi, je fond. Je suis habillé en pute de l’espace devant un petit garçon tout mignon. Comment lui expliquer qui je suis pour son père ? Un ami ? Une connaissance ? Je propose à Cyril que l’on se voie dans le courant de la semaine qui suit, et je rejoins Cédric-la-libertine, qui fait toujours autant de ravages, au fil de ses pas aériens sur le bitume brûlant.

Les travestis sont assez vilains dans l’ensemble. Leurs traits sont grossiers, et vu la chaleur, rien n’est fait pour alléger leur état de brillance. On passe le pont, pour arriver sur le dernier grand axe avant la Bastille où Cédric est rejoint par un de ses amants auquel il sourit, mal à l’aise. ( Le gars était visiblement un cas social ! ) Moi je repère un mec assez sex d’une quarantaine d’année qui me mate, entre les nuques qui lui barrent la vue. J’ai envie de le rejoindre, de lui parler, mais je n’en fais rien. Le défilé me pousse vers l’avant. Tant pis. De toute manière, il est bientôt 17h15 et je vais devoir me rendre à la caisse du théâtre pour prendre mon service.
Cédric m’accompagne, puis retourne chercher un ami qui devait le rejoindre durant le cortège mais qui, bien entendu, a changé ses plans au dernier moment, sans prévenir. On se retrouve à 21h30 dans le hall du théâtre ; direction chez moi pour se changer, après avoir mangé un bout au McDonald’s. ( Pourquoi faire original ? )
Gaëtan, c’est comme cela qu’il s’appelle, est assez mimi. Un peu à l’ouest, visiblement, mais j’en ferais bien mon dessert. On verra, la soirée ne fait que commencer, et après une douche bien utile pour me dégourdir, j’enfile un slip neuf et une tenue moins pesante pour aller danser au « Tango ». C’est étrange, ma libido est fort en éveil ces derniers temps. Peut-être est-ce le début de l’été qui me fait-il cet effet ? Ou alors c’est directement lié à la dose élevée de sélénium que je consomme chaque jour en complément alimentaire… En tout cas, je suis chaud. Et comme Cédric n’a pas l’air d’être passionné par Gaëtan, j’ai peut-être une chance ?
Mais c’est sans compter le comportement étrange de ce dernier durant la soirée.
A peine arrivés au Tango, il se lève et envoie toute une série de sms et d’appels, ce qui énerve passablement Cédric. « - Je suis désolé, Antoine. Il n’était pas comme ça, l’autre fois qu’on s’est vus… » Moi, personnellement, ça m’amuse. Et puis de toute manière, je sauterais un frigidaire SMEG ce soir ! Le problème c’est que Gaëtan doit rejoindre un ami d’internet dans le centre du Marais. Nous quittons donc le Tango, et nous voilà seuls, Cédric et moi, au milieu de la rue du temple où nous avons fixé rendez-vous à Gaëtan une heure plus tard.

Je crois que nous aurions fait un beau couple de modèles pour Egon Schiele. « Les esseulés » !

Il est 01h30, nous déambulons côte à côte dans une rue des Archives noire de gobelets en plastiques, jetés par terre par les gym-queens en débardeurs qui comparent leurs tatouages sur les trottoirs, ou qui tentent de rester debout dignement alors que l’alcool les transporte au loin. Encore une fois, l’image que nous renvoie la « communauté » homosexuelle ne nous convient pas. Et comble du comble, il se remet à pleuvoir. Comme deux pauvresses, nous nous abritons sous un porche, nos tracts de soirées dans les bras. Les mecs nous passent devant en nous matant sans conviction… C’est toujours Cédric qui rafle la majorité des suffrages… J’ai l’impression d’être une vieille ringarde. ( Au secours, je n’ai que 27 ans ! ) Mais je crois savoir que ma coiffure est la cause de mon non succès. Le fait d’avoir plaqué mes cheveux en arrière ne me mets pas à mon avantage. Plus de raison de s’inquiéter, il est trop tard. Et comme, lorsque je lui ai dit que je mourrais d’envie de l’embrasser, Gaëtan a compris que je parlais de Cédric, je ne suis pas prêt de chanter victoire. Un mec de 38 ans passe deux fois devant nous, puis une troisième. Il a flashé sur Cédric. ( Qui l’eut cru ? Lol. ) Il s’appelle Stéphane. On discute un peu avec lui, et il se fait qu’il a bossé à Bruxelles, ville qu’il adore. En fait, il est l’un des premiers patrons du Bonsoir Clara Restaurant. Cool.
Il est temps de retrouver Gaëtan.
Retour à l’appartement. Et dans la cage d’escalier, alors que Cédric est resté dehors avec son Stéphane, je pose mes lèvres sur celles de Gaëtan. Pas de refus. Je continue.
On monte, Cédric sonne pour monter à son tour. « - Je l’ai pas embrassé. J’ai pas pu. » me chuchote-t-il, alors que Gaëtan est dans la salle de bain. On installe le lit d’appoint. On se couche. Gaëtan dormira à côté de moi. Cédric s’isole sous ses boules Quiès, et moi j’embrasse longuement Gaëtan avant de sombrer dans un sommeil profond…
Je n’ai pas humidifié mes cheveux avant de me coucher…
Je vais avoir une de ces gueules demain au réveil !
Vive l’homosexualité.

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