Thursday, November 12, 2009

Interminable.

Jeudi 12 novembre 2009.
Je suis rentré hier de la répétition des Feydeau avec une lourdeur sur la poitrine. Rien à voir avec le travail artistique, naturellement. Je ne pensais qu'à une seule chose : Le rendez-vous de ce matin avec mon généraliste pour les résultats de ce deuxième test anti-vih, suite à la réaction positive du précédent. Depuis l'annonce du premier résultat, j'ai besoin de formuler vocalement chaque peur liée à la maladie. Le fait d'exprimer clairement et à haute voix m'aide à faire face à l'attente avec un tout petit peu moins d'anxiété. Je me répète donc que je "n'ai pas envie d'être séropositif" devant le miroir en me brossant les dents, au dessus de mon évier en faisant la vaisselle, allongé dans mon lit avant de m'endormir. Flippant mais exutoire.
Toujours est-il que ce matin, à la première heure, je suis dans la rue de mon médecin. Assis sur un banc de la place du Parvis de Saint Gilles, attendant qu'il arrive pour ouvrir sa salle d'attente. Il fait froid, gris, humide et j'écoute "Little Me" par Alice Ripley et Emily Skinner en boucle sur mon baladeur, pour mettre un peu de couleur dans ma tête. Le médecin passe devant moi sans me voir et j'attends qu'il soit entré dans son cabinet avant d'oser descendre la rue. C'est débile : Je vis la peur de ma vie, mais je suis incapable de ne pas penser au savoir vivre. Si j'attendais devant sa porte je serais vraiment passé pour un désespéré, et ça, ça ne va pas du tout. Ça ne se fait pas. Pourtant, c'est bien ce que je suis : Désespéré.
Mon ventre me fait mal. J'entre dans le bâtiment.Je suis seul dans l'anti-chambre. Le patient précédent sort quelques secondes plus tard et mon médecin m'explique alors rapidement qu'il n'a encore rien reçu à mon sujet, mais que le courrier est peut-être arrivé à son autre adresse, et qu'il va vite filer vérifier.
Il file donc, et 10 minutes plus tard le revoilà, bras chargés d'enveloppes. Il me fait entrer dans son bureau, épeluche les courriers, mais n'y trouve rien... Il appelle donc le labo, mais la personne qui s'occupe du service sérologique VIH est justement absente. Il me tiendra au courant dans la journée s'il y a du nouveau, promis. Je rentre donc chez moi bredouille. Plus anxieux que jamais.
J'ai attendu toute la journée espérant un message. Mais à 16h55 j'ai fini par envoyer moi même un sms pour prévenir que je passerais d'office le lendemain à la consultation du matin. Etrange journée sur le plan émotionnel. Je dois faire ma valise pour la Chine, mais je ne suis pas du tout motivé. J'ai peur.
Et je dois aller travailler, évidemment. Sauf que ce soir, j'ai tout sauf envie d'être artistique. Pourtant Léonie est en avance et on purge bébé...
Tu parles !

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