Déçu.
C'est vraiment déçu que je suis sorti de la salle du Théâtre de la Porte Saint Martin ce mercredi 16 février 2005, après avoir assisté à la première de "Love Valour & Compassion"...
Je ne sais par où commencer.
Ayant vu le film et la pièce de Broadway, et connaissant l'impact de ce chef d'oeuvre de la littérature théatrale gay sur le public de l'époque, je ne peux pas dire que j'attendais un identique pouvoir d'émotion de la part de sa version française, mais j'avoue que j'attendais de voir ce que les comédiens pouvaient amener à cet univers gay qui m'avait tant fait rêver.
L'histoire de ces huit hommes homosexuels se retrouvant dans une maison de campagne pour partager leur amitié et leur questionnement face l'âge qui les gagne et à la maladie qui ronge une partie de leur groupe, m'avait donné, par la justesse de son propos et le réalisme de ses dialogues, la traduction précise de la nature d'un idéal gay tel que j'aurais pu avoir envie de le vivre. J'étais donc prêt à redécouvrir la narration du récit dans la langue qui était la mienne...
Et je n'ai ressenti qu'une forte détresse face à une oeuvre complètement ré-écrite pour les besoins du style comique propre au théâtre privé parisien.
Toutes les allusions ( si riches, pourtant ) à l'univers de la comédie musicale anglo-saxonne et aux référents américains ont été effacées pour de pauvres transpositions françaises actuelles sans commune mesure avec le poids des répliques originales. Que penser du fantastique monologue du personnage de Dany sur l'impossible beauté des comédies musicales de Sondheim ou Rodgers & Halmmerstein, quand on traduit la dureté du propos par des noms de spectacles de variété comme Spartacus ou Les Demoiselles de Rochefort ? Où est la poésie ?
A-t-on pensé le public gay français incapable de comprendre les références d'un style qui fait pourtant partie intégrante de sa sub-culture ? Et que dire des nus inutiles en scène ? Pourquoi tant de corps "à cru" ? Le seul personnage dont le corps tient lieu de fantasme dans cette histoire est celui de Salim, et nul n'est besoin ( et encore moins au théâtre ) de nous montrer les sexes et fesses de ces hommes dont le plus important est l'âme.
Déception aussi en découvrant le solo de danse contemporaine présenté par un comédien encore trop fragilisé par son propre cheminement chorégraphique. Impossible d'y croire, et davantage encore lorsqu'il se trompe au milieu des autres comédiens dansant avec lui la variation des cygnes de Tchaïkowsky. ( Moment clé du spectacle, qui plus est ! )
Heureusement, par projection dia sur le cyclo en fond de scène, les images de ciels tour à tour déchainés, paisibles, pluvieux, ou scintillant d'étoiles, m'ont rappelé que tout le spectacle n'est pas toujours dans le texte.
Merci Monsieur Bordes d'être le comédien qui dit vrai, qui dit juste, au milieu de ces garçons déformés par l'effet théâtral visiblement obligatoire dans une pièce qui a pourtant bien plus tout pour faire pleurer que rire.
Qu'est-ce que Nathan Lane m'a fait pleurer à Broadway !
Thursday, February 17, 2005
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