Saturday, July 15, 2006

Et rebelotte...

Le réveil a été dur. Surtout que le bipper s’est déclenché à 08h30 parce que je voulais joindre le bureau des services BNP le plus tôt possible pour commander une nouvelle carte bancaire. Mais la fatigue a eu raison de moi et je ne me suis finalement pas décidé à me lever, préférant sombrer dans les bras de Morphée pour quelques heures de plus.
Vers midi, alors que Cédric dormait encore, une fois toutes les questions administratives relatives à mon opposition réglées, je me suis pris le temps de faire des ablutions plus longues qu’à l’ordinaire pour ne pas le réveiller en restant dans la chambre. Quel plaisir de prendre du temps pour soi. Ça faisait longtemps.

Une fois Cédric debout, j’ai allumé mon portable, et quelques minutes plus tard, je recevais un appel de Laurent, un des gars d’hier soir. « - Coucou, c’est Laurent. Ça va ? Vous n’êtes plus en train de dormir ? Je t’appelle pour vous dire qu’on fait une soirée aujourd’hui chez nous. On avait envie que vous veniez… »
Je propose à Cédric qui n’en revient pas qu’il nous rappelle. Tous les mecs qu’on a plus ou moins rencontrés depuis qu’on se fait des soirées dans le milieu gay, nous ont toujours promis de nous rappeler mais ne l’ont jamais fait. On est tous les deux très étonnés, mais ravis.

Malheureusement, Cédric part le lendemain pour Corfou avec sa mère, en vacances. Ils décollent à 07h00 du matin. Alors, il préfère éviter une nouvelle soirée trop tardive, question d’optimaliser son capital sex-appeal. Qu’importe, j’irai tout seul.

22h45.
L’endroit où habitent Laurent et Roberto est tout simplement génial. On dirait « Melrose Place » en vrai, dans Paris. C’est Roberto qui m’ouvre la porte du jardin où trônent des bambous géants. Les autres convives sont déjà assis sur des tabourets, ou en train de discuter dans la pièce principale de la résidence. En fait, Bruno, Laurent, Roberto etc., vivent dans un même lotissement de maisons et partagent l’ensemble de la surface habitable, sans pour autant empiéter les uns sur l’univers des autres, vu qu’ils ont chacun la leur.
Une première margarita en main, je suis Roberto qui me fait visiter et me présente à ses amis. Les espaces sont impressionnants. Tout est décoré avec très bon goût. Je découvre la chambre du haut, attenante à une salle de bain digne des plus beaux hôtels new-look qu’on voit dans les catalogues, puis nous descendons au sous-sol dans une pièce dont ils ont fait une nouvelle chambre car la première se trouvant directement sous une verrière, il y fait assez intenable, m’explique-t-il. On continue vers le dressing duquel il m’ouvre la porte et dans lequel je découvre une impressionnante collection de vêtements de chez Saint Laurent et surtout Vivienne Westwood. Incroyable. Des pièces uniques des années 60 et 70. Mieux que dans un rêve. Il m’explique que son meilleur ami est John… « - Tu sais ? John Galliano… » Je crois m’évanouir. Ce gars est simply too much.
Une fois remontés, nous passons à table. Poulet et pommes de terres au four sont présentés sur la table, tout ce petit monde se pressant de trouver un endroit où s’asseoir pour manger. A peine assis, je reçois la visite de Max, l’un des deux teckels qui partagent la maison. Max est tout noir, et il a visiblement très envie de sauter sur mes genoux. Je pense qu’il a surtout envie de ce qui se trouve dans mon assiette, alors je lui fais un petit non de la tête, mais Roberto m’explique que ce chien ne s’approche jamais des gens qui ne lui sont pas sympathique. Je suis flatté, mais Max ne montera tant que je n’ai pas fini !
Un peu plus tard dans la soirée, Roberto me demande de descendre avec lui au sous-sol. Ils ont envie, un ami et lui, de faire un numéro dansé sur une chanson dont je connaîtrais les paroles. Roberto veut que je fasse Dalida, mais je ne suis pas très enclin à me déguiser en femme aujourd’hui, qui plus est devant une dizaine de personnes que je ne connais pas encore suffisamment. Décision est donc prise de faire « Outside » de George Michael… Il faut bien sûr se costumer. Un perfecto sur mes épaules et des lunettes noires, Roberto et son pote optent pour des perruques longues, question de faire mes girls ! Et là, je vis le moment le plus bizarre de ma petite existence. Je remonte les escaliers et j’entre au milieu de la foule qui hurle et applaudit, mes deux acolytes se prosternant à mes pieds et se roulant au sol ! J’ai du mal à garder mon sérieux, et en oublie même les paroles de mon playback. Visiblement, ce genre de moments délirants fait partie courante de l’existence de cette bande de joyeux lurons, et j’avoue que cela finit par beaucoup m’amuser. Ma troisième margarita y serait-elle pour quelque chose ? Mais du fun, je vais en avoir encore bien davantage…
La sélection musicale d’une des amies de Roberto étant particulièrement kitsch, la chanson « Babuschka » démarre soudain à tue-tête dans les haut-parleurs, et je vois Laurent filer dans la cuisine pour en revenir deux secondes plus tard avec une assiette dans chaque main. « - Oh non ! me dit Bruno, il va encore casser des assiettes ! ». Je pense avoir mal entendu, mais Lauent frappe les deux assiettes l’une contre l’autre avec bonheur. Une fois en haut, une fois en bas, pour enfin les laisser tomber au sol avec délice. Tout le monde est mort de rire, lui en premier, comme un gamin de quatre ans. J’ai chaud. Je m’assieds dans l’un des fauteuils design du salon, lorsque Max refait son apparition. Cette fois, je le laisse monter sur mes cuisses, et comble de l’improbable, moi qui ne suis pas du tout fan des chiens, je le trouve presque aussi sympathique que mon chat. Max est fier comme Artaban, et Roberto me fait de grands sourires. La nuit est déjà bien avancée lorsque Roberto nous fait un autre numéro déjanté avec Bruno. Cette fois c’est « Diamonds are a girl’s best friends ». Applaudissements bien sûr, et rires.
Je promets à Roberto qu’un jour je lui ferai mon numéro de Cher en chaise roulante, ce qui l’amuse terriblement. « - Dommage que Sofia ne soit pas là ! Elle adorerait ! ». Sophia ? « … Copolla ! Chaque fois qu’elle passe sur Paris elle vient me faire un coucou… » Je n’en reviens pas. « Dis-moi Roberto, je peux te demander ce que tu fais dans la vie ? » « Actually, I’m the director of a model agency »… Tout s’éclaire un peu. Roberto est un grand enfant, et ce n’est que plaisir de le voir rigoler. Il vient constamment me demander si ça va, si je n’ai pas l’impression qu’on se paie ma tête, parce que ce n’est pas du tout le cas. “Just be who you are, that’s the way you’re the best”.
Trois heures sonnent, et je me mets en route. Roberto m’accompagne, profitant de mon départ pour faire promener les chiens et m’indiquer un taxi. Je suis heureux. Quelqu’un m’apprécie pour ce que je suis, et je ne me sens pas obligé de justifier mon existence… Avant de grimper dans le taxi qui me ramène chez moi, Roberto me dis qu’il nous invite volontiers Cédric et moi, dans leur maison de vacance en Italie. « - Dis-moi juste combien coûtent les billets d’avions, et on se charge du reste… » Je n’en crois pas mes oreilles. « - Tu sais, quand vous aurez l’argent vous aurez l’argent. Pour le moment, il faut qu’on vous aide. Vous êtes jeunes… ».
J’arrive chez moi vingt minutes plus tard et je m’endors facilement… Mais alors facilement…

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